Quand on arrive dans un nouveau pays, on se sent souvent déraciné. On ne connaît personne, on ne comprend pas les codes sociaux, les habitudes quotidiennes, ou même la façon de parler dans la rue. Pour beaucoup de jeunes filles ou garçons, de réfugiés ou de femmes en situation d'exil ou de précarité, cette phase peut être longue et éprouvante. Et si le sport était bien plus qu’une simple activité physique ? Et s’il devenait une clé de lecture de la société, un outil d’exploration urbaine et culturelle, une porte ouverte sur les valeurs du pays d’accueil ?
En France, de plus en plus de projets associatifs et citoyens misent sur le potentiel du sport pour transformer l’expérience d’intégration. Il permet de découvrir une ville autrement, comprendre les codes sociaux à travers les règles du jeu, se repérer dans l’espace comme dans le tissu humain, et intégrer un groupe tout en se reconnectant à soi-même. Ce texte explore ces approches inédites où le sport, à la croisée du social, du culturel et du professionnel, devient un tremplin pour s’ancrer pleinement dans un nouveau pays.
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Paris, Lyon, Marseille ou même Saint-Étienne, chaque ville en France a sa propre manière de vivre le sport. Dans certains quartiers, le football est roi, tandis que dans d’autres, ce sont la boxe, le basketball ou la danse urbaine qui rassemblent les foules. Pour une personne récemment arrivée en France, assister à un match, rejoindre un groupe de course à pied ou simplement participer à une séance en plein air peut être une première manière de s’imprégner de la ville. Ces activités offrent des repères physiques et sociaux. C’est l’occasion de découvrir les parcs, les gymnases principaux, les terrains de quartier, mais aussi les comportements, les accents et les habitudes françaises.
Diverses associations utilisent l’approche, qui vise à proposer des parcours d’intégration par le sport, où chaque séance devient aussi une découverte du territoire. Une séance de football à La Villette, par exemple, devient l’occasion de comprendre les dynamiques sociales d’un quartier populaire, tandis qu’un jogging collectif sur les quais permet d’échanger sur les symboles de la ville. Le sport devient ici un langage universel pour découvrir un pays sans passer par les mots, comme le souligne également le site https://lepetitjournal.com/comment-sintegrer-dans-son-nouveau-pays-grace-au-sport-265387, qui met en lumière le rôle du sport dans les processus d’intégration culturelle.
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La France possède une culture sportive bien à elle. Le respect des règles, l’importance du collectif, mais aussi la mise en avant des femmes dans la pratique sportive sont autant d’éléments que l’on ne trouve pas forcément dans d’autres pays. Pour les réfugiés, les jeunes filles ou garçons issus d’autres cultures ou les femmes venues d’horizons parfois très conservateurs, participer à une activité sportive peut être une expérience marquante.
Par exemple, des femmes originaires d’Afghanistan, de Syrie ou d’Érythrée découvrent ainsi qu’elles ont le droit, ici, de courir en short, de s’exprimer dans un groupe mixte, ou même de prendre la parole devant un public après un match. Le cadre sportif devient un laboratoire d’apprentissage des valeurs sociales françaises, telles que l’égalité, le respect, le vivre-ensemble, souvent mises en œuvre par des associations sportives locales.
Ces activités contribuent fortement à la confiance en soi des participantes, souvent isolées ou fragilisées par leur parcours. En découvrant qu’elles ont une place sur le terrain comme dans la ville, ces femmes redéfinissent leur rôle social et s’approprient leur nouveau pays à travers le mouvement.
Depuis quelques années, on voit émerger en France des projets hybrides mêlant inclusion sociale, tourisme urbain et sport, spécifiquement pensés pour des publics en situation d’exil ou de précarité. L’objectif est surtout de pouvoir parcourir une ville à travers des activités physiques, tout en découvrant ses institutions, ses infrastructures et ses habitants.
À Paris, un projet pilote a vu le jour dans le 20e arrondissement, « ma ville en basket », une initiative portée par une fondation locale, où des groupes de jeunes réfugiés participent à des marches sportives et à des mini-jeux de ville mêlant sport, culture et apprentissage du français. Chaque séance a un but, dont la découverte d’une zone, la rencontre d’une association du quartier ou encore la pratique d’un sport en groupe.
À Saint-Denis, une autre association a mis en place un « City trail de l’insertion », où chaque course est l’occasion de découvrir une institution publique. À chaque étape, les participants échangent avec des professionnels, découvrent les dispositifs disponibles, tout en pratiquant une activité sportive adaptée à leur niveau physique.
Ces formats originaux permettent de répondre à plusieurs enjeux, comme travailler l’endurance, le lien social, le sentiment d’appartenance et surtout la connaissance du territoire. En effet, le sport n’est plus cantonné au terrain, car il devient un fil rouge pour se repérer, comprendre et appartenir.
Intégrer une équipe sportive dans un nouveau pays permet d’apprendre à fonctionner dans un collectif, à partager des objectifs communs, à gérer ses émotions en match. Ces compétences sont cruciales pour la vie professionnelle, mais aussi pour la socialisation. Elles permettent de sortir de l’isolement, de créer un réseau, d’oser prendre la parole. Pour beaucoup de jeunes ou de publics éloignés de l’emploi, les valeurs apprises sur le terrain sont transposables dans le monde du travail, car elles développent la ponctualité, la discipline, l’écoute et la capacité à coopérer. A noter que certaines fondations sportives travaillent justement sur ces passerelles entre terrain de jeu et insertion professionnelle.
En parallèle, les associations veillent à favoriser la mixité entre les hommes, les femmes, les personnes valides ou en situation de handicap, sportifs aguerris comme débutants. En effet, la diversité des groupes devient une force, un reflet de la société française dans toute sa pluralité. Et à travers le sport, chacun peut trouver sa place, dans un cadre bienveillant.
Mis à part cela, il ne faut pas oublier le rôle central du sport dans la santé physique et mentale. Pour des personnes vivant dans des foyers, dans des hôtels sociaux ou dans des situations précaires, la pratique sportive est parfois le seul espace-temps de liberté et de bien-être. Elle permet de reprendre contact avec son corps, de libérer des tensions, d’exister autrement. Des séances spécifiques de sport santé sont ainsi proposées à Paris et dans d’autres villes, notamment pour les femmes réfugiées, les jeunes en décrochage, ou les personnes handicapées. Ces séances, souvent organisées dans les parcs ou les gymnases municipaux, sont gratuites, encadrées, et pensées comme des bulles de respiration dans des parcours de vie souvent chaotiques.